samedi 4 octobre 2014

Capitalisme de connivence, petits fours et gâteau au chocolat


Parce qu'un commentateur de ce blog me parle souvent de capitalisme de connivence et de ce qui pourrait apparaître comme un curieux mélange des genres sans jamais vraiment les définir, je vais, avec un exemple bien concret, vous expliquer à quoi ces trucs peuvent ressembler...

Hier donc, j'étais invité au cinquantième anniversaire du premier vol militaire avec La Bombe sous le ventre. C'était très chouette, d'autant plus que si la cérémonie était placée sous le Haut Patronage de ce qui nous sert de Président, celui-ci n'avait pas fait le déplacement; il faisait donc beau, très beau dans ce coin du sud-est de la France.Charlot Ier n'étant pas là, il délégua ses pouvoirs de représentation à l'un de ses conseillers les plus proches, un obscur notable breton balayé aux dernières municipales ce qui en soi n'a pas d'importance puisque personne ne savait qui il était. Par contre, il y avait du beau linge, des huiles étoilées, des huiles sans étoile, au final, pas grand monde, une chtiotte fête en petit comité, tout au plus un millier de personnes (bidasses du rang et serveurs en gants blancs compris).

Pour les VIP, dont je faisais partie pour d'obscures raisons, deux avions nous attendaient au départ de Paris. Pas de bol, j'ai pris le deuxième et n'ai donc pas pu constater de visu que dans Air Sarko One devenu Air Hollande One, il n' y avait pas de four à pizzas comme les gauchiasses en firent circuler le bruit du temps où Air Hollande One était Air Sarko One. Mais ayant toute confiance en la personne qui m'a confirmé la chose pour avoir pris le premier avion, je peux l'affirmer haut et fort: Il n'y a pas, il n'y a jamais eu de four à pizzas dans A.H.O. Les passagers de l'avion que je pris, un A310 aux couleurs de la République: tout plein de militaires galonnés ou étoilés et tout plein de civils cravatés. Deux rangs devant moi, le seul rang à ne compter que deux fauteuils, les autre en comptant huit, un cinq étoiles que tout le monde saluait avec déférence, le chef-chef de l'armée de l'air et sur le siège d'à côté un monsieur en civil que tout le monde saluait avec autant de déférence; normal, il s'agissait du président d'une entreprise qui fabrique des avions supers que personne veut nous acheter. Le rang suivant, trois députés écolos bien connus, un député communiste moustachu, deux députés socialistes (dont un Français de fraîche date) et 2 députés de la future majorité, celle que nous aurons quand Président aura dégagé. Mon rang: des étoiles sur le retour accompagnées de leurs épouses et moi, puis, derrière le rideau de séparation, un savant mélange de galons et de civils donc: Pour un galonné, un président de ceci, un directeur général de cela, la fine fleur des industries d'armement, français ou étrangers, pas peu fiers les garçons d'être invités à la fête.

Une heure plus tard nous voici arrivés à destination. tribune officielle et gradins, l'armée de l'air nous fait son show mettant ainsi en valeur la qualités des équipements fournis par cette volée d’industriels tous plus enchantés les uns que les autres d'être ainsi valorisés par le son, l'image, le bruit et les discours. Un petit défilé militaire a été organisé avec fanfare et Marseillaise, deux drapeaux décorés par le chef du chef-chef, le frère d'un célèbre fou du Puy, venu tout exprès de la capitale dans son petit jet bleu-blanc-rouge et pour finir un défilé aérien qui n'avait rien à envier à celui du 14 juillet, démonstration en vol des prouesses que peut faire l'avion que personne veut nous acheter et, cerise sur le gâteau, Patrouille de France en ouverture... et en clôture !

C'est après que les choses sérieuses commencent: le cocktail suivi du repas. Aux tables d'honneur, le chef du chef-chef, le chef-chef, les députés et les industriels, tous placés astucieusement à table: un député, un général, un député, un industriel, un député, un général, un industriel, etc... et de temps en temps une épouse de service, si possible ravissante, ou un pékin comme moi pour boucher les trous. Petits fours, entrées délicates, noix de Saint Jacques pêchées du jour (enfin, ça, c'était ce qui était marqué sur le carton ), médaillon de veaux sauce foie gras et morilles, petits légumes du marché, salade, fromage et un putain de gâteau au chocolat livré par 6 porteurs avec feux de Bengale et illuminations. le tout arrosé des meilleurs vins et Champagne. Puis le café servi dans les salons, et là, de mes yeux amusés mais guère surpris, j'assiste au ballet: des couples formés d'industriels et de députés, de députés et de généraux, de généraux et d'industriels déambulant et discutant de choses que l'on imagine sérieuses tant leurs mines sont graves ou inspirées; des dossiers sortent, des stylos aussi. Tout le monde a quelque chose à vendre, tout le monde est à convaincre. C'est là que cela se passe, le business est en train de se faire, tout le reste n'est que décorum et mise en valeur de chacun.

A vingt heure trente précises, le chef-chef siffle la fin de la récré et comme avec l'armée de l'air, on est nettement mieux servi qu'avec Air France, à vingt et une heure et quinze minutes, tout le monde a ré-embarqué, direction Paris. Le vol retour est plutôt calme, quelques conciliabules plutôt discrets se poursuivent mais une chose est sûre, évidente, militaires, députés et industriels (tous ont reçu la petite pochette cadeau qui va bien) sont enchantés.

Tout le monde est content. On se demande bien pourquoi...

Moi aussi, je suis content de ma journée, il y a des spectacles qu'il serait dommage de louper.

Folie passagère 2483.
Image search: Patrouille De France
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

30 commentaires:

  1. Tu pourrais dire merci , tu as mangé et bu une infime partie de mes impôts.^_^
    As-tu eu la pochette cadeau ?

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    1. @claide Henri: et nos impôts, bien cuisinés, bien préparés et bien servis je dois dire qu'on ne regrette pas de les payer :)

      Et moi pas de pochette surprise étant compté dans les invitants

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  2. Dis-donc mon cher Corto, ne risques-tu pas de te faire des ennemis avec un tel compte-rendu ? Merci du topo, en tous cas, c'est bien vu, et bien écrit.

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    1. @Al West: Qui pourrait bien m en vouloir ? je doute que ces messieurs me lisent. et pi, ce genre de petites sôteries se pratiquent ds tous les milieux, ça fait aussi marcher le business.

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  3. en plus d'être une Grosse Fiotte, t'es con comme un gland, tu fais fuir tes lecteurs qui se rendent compte du gros enculé que tu es...!! (Pd, Sarkozyste, pédophile, scato.... un peu beaucoup non...??)

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    1. @ Anonyme : Vulgaire et CON, cela va souvent ensembles, vous êtes surement fier d'avoir voter pour le grosmou.

      trissia

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    2. @trissia: merci de ne pas répondre à cet abruti

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  4. Merci de nous faire partager ces moments "Historiques", c'est captivant et nous sommes certains que c'est VRAI.

    Trissia

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    1. @Trissia: bien sur que c'est vrai, c'était passionnant a vivre et à observer. Bon ceci dit, comme dit plus haut, ce genre de raout n a rien d exceptionnel, y en a dans tous les milieux professionnels. Non là, ce qui était surtout marrant c'était de voir ces quelques élus fort connus pour vomir tout ce qui ressemble de près ou de loin au nucléaire se régaler des petits soins auxquels ils étaient mitonnés, l important étant de les convaincre de bien voter les prochains budgets de la défense et de convaincre leurs collègues écolos ou communistes. On saura leur rappeler en temps utile où ils étaient ce jour-là

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  5. Merci, Corto, pour ce compte-rendu, pittoresque et précis de cette "escapade" . Du beau monde !
    Je fais partie de ceux qui aiment bien vivre par procuration les spectacles exceptionnels et ce texte
    m'a ravie dans ma "petite vie" de Province (VIP pour d'obscures raisons ? Trop modeste ! )

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    1. @Crisfi: merci ! j étais invité uniquement pour accompagner quelqu un qui a du mal a se deplacer tout seul :)

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  6. marianne ARNAUD4 oct. 2014, 20:06:00

    Je n'ai pas réussi à comprendre, mon cher Corto, qui a vendu quoi à qui ?
    Mais puisque tout le monde avait l'air content de sa "petite pochette cadeau", on ne va tout de même pas chipoter !

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    1. les ventes et les propositions , les désirs tout cela est en cours ça va se décanter il en sortira bien quelque chose

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    2. @Marianne et Balerofr: La première chose qui en ressort c'est que députés et industriels se sentent obligés de remercier leurs hôtes. la deuxième c'est de "créer" des liens, la troisième que les uns puissent faire l'article aux autres, la quatrième, c'est de rappeler le jour venu a ceux qui étaient là que justement ils étaient là, bien reçus , bien choyés...

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    3. le père de monsieur Jourdain faisait la même chose

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  7. Pépère avait mieux à faire - le Bondy blog, la pièce de BHL, le salon de l'auto sans le public, toussa... Il n'est même pas allé malgré sa promesse voir les Harkis, c'est dire que ce cinquantenaire ne risquait pas de l'intéresser. M'est avis d'ailleurs que Pépère se méfie un peu des militaires depuis quelque temps. Je dis ça, je dis rien...
    Et Le Drian ? Que pensent nos hauts gradés de ses projets abracadabrantesques et du droit au syndicalisme dans l'armée que nous a pondu cette saleté de CDEH ?
    Cameron a proposé que le Royaume Uni quitte ce machin droit-de-l’hommiste. J'attends qu'en France, il y ait quelqu'un pour le proposer aussi. On en crèvera de leurs lubies progressistes qui suppriment le peu de souveraineté qu'on avait pu sauvegarder.

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    1. @Gilly: D'a près ce que j ai compris - tout cela étant dit avec pincettes - Pépère est détesté et Le Drian aussi respecté qu'inspirant méfiance, un politique, quoi !
      Quant à l avis de la CEDH, ce que j en ai entendu, c'est que ça fait vraiment rire les militaires, bref, ils s en foutent royalement et ne ressentent absolument pas le besoin d avoir des syndicats.

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    2. tonton flingueur5 oct. 2014, 00:03:00

      merçi pour ce moment de franche rigolade, enfin maintenant que j'y penses bon sang, mais c'est mon fric ;-))
      sinon par simple curisoté, il y avait des trous sympas a boucher ? ok je sors ... ;-))

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  8. A ce rythme, le déficit ne risque pas d'être comblé. C'est sur le budget de l'armée que cette petite sauterie a été imputée, j'espère. Comme ça, je pleurerai moins quand les militaires se plaindront.

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    1. @Pa,gloss: bien sur que c est sur le budget des armées que cela a été pris, une nano goutte dans un océan de déficit :)

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  9. kobus van cleef5 oct. 2014, 17:51:00

    Z'aviez mis une cravate ?
    Pasque sur la dernière photo, y en avait pas....

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    1. @Kobus: ah ben tout de même ! costume et cravate, un minimum !

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  10. Oui, en effet, il apparaît bien raisonnable de ne pas trop ébruiter ces choses-là, le
    contribuable pourrait s'en offusquer...
    Amitiés.

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    1. @Nouratin: le contribuable n est plus a ça près ! :)

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  11. Bonsoir Corto,

    Mazette! Quelle importance! Pouvoir voyager dans les avions de la Nation. Total respect.
    Flamby, par son absence, a indiqué le niveau de considération dans lequel il tient l'institution. Rien à ajouter.

    Bonne soirée

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    1. @H: Flanby n aime pas l armée , suffit de voir comment elle la met à la diète, sauf quand ça lui permet d espérer gagner quelques points en allant faire le kakou au Mali ou en Centrafrique ou d envoyer 6 rafale en syrie

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  12. Corto, c'est pourtant extrêmement simple :

    Alors que dans le capitalisme libéral l'État n'interfère pas avec l'économie (sauf pour ce qui relève de ses fonctions régaliennes), dans le capitalisme de connivence (crony capitalism ou corporatism en anglais) l'État soutient certaines entreprises, soit qu'il cède à leur pression par corruption, soit que ce soit de sa part une volonté délibérée à des fins politiques.

    Certains contestent l'emploi du terme de "capitalisme" pour désigner ce cas de figure, puisque le droit de propriété individuelle, sur lequel repose le capitalisme, est violé par l'interventionnisme étatique. Charles Gave préfère employer le terme de "social-clientélisme", qui pour lui est une "maladie de la démocratie". On parle également de "capitalisme de copinage" (crony = copain) ou de "captation de l’État" (state capture).

    Le marxisme parle parfois dans un sens proche de "capitalisme monopoliste d'État", mais au lieu de vouloir comme les libéraux supprimer le monopole et l'intervention étatique, il veut supprimer le capitalisme lui-même, ou le soviétiser pour garder un monopole d'État "prolétarisé". (source : http://www.wikiberal.org/wiki/Capitalisme_de_connivence)

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  13. Merci pour cette belle description : on s'y croirait. :-)
    Le "courageux" Flamby, grand manitou des armée a donc flippé a donc flippé à l'idée de les rencontrer ? Il avait donc des chrysanthèmes moins risqués à inaugurer !...

    Dites moi, Corto, J'ai la vue qui baisse, ou vous écrivez maintenant en tout petit ?
    Z'avez pas pitié des vieilles ? ;o)

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    1. @Franzi: j ai corrigé en augmentant d'un cran la police d'écriture, tu me diras si c'est mieux

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    2. @ Corto
      Ah ! pour sûr ! C'est beaucoup mieux.
      Merci beaucoup. Vous êtes un ange. ;-)

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France, 2019.